Le lynchage n’est pas une pratique nouvelle au Guatemala. C’est la leçon collective que « la rue » entend donner aux personnes soupçonnées de crimes (vols, viols, enlèvements). Selon Alvaro Pop, politologue et membre de l’organisation indigène Naleb : « On se laisse aller à la vengeance, mais on la voit comme un acte de justice ».
La tolérance du public vis-à-vis de cette forme de justice expéditive demeure très grande. Un plébiscite satisfait par une large couverture médiatique : comme en décembre 2009, avec les images de touristes témoins de l’immolation par le feu d’un homme accusé d’avoir volé 7 000 quetzals (630€).
Les lynchages participent de la violence endémique du pays. Leur ampleur récente inquiète cependant. La justice guatémaltèque aurait recensé 210 cas de lynchage en 2009, et 42 ayant entraîné la mort. En 2008, les chiffres étaient de 56 lynchages et 17 morts.
La Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels de l’ONU se penche depuis plusieurs années sur la question. Des centaines d’ateliers ont déjà été organisés dans le pays pour inciter la population à favoriser la voie judiciaire. Des milliers de brochures de sensibilisation ont aussi été distribuées.
Mais pour beaucoup, la population cessera de punir elle-même ses suspects quand l’État et les services publics seront réellement présents sur le terrain, notamment dans les zones pauvres que l’on sait être les plus touchées par le phénomène. Pour Mario Polanco, directeur du Groupe d’appui mutuel (GAM) : « Les lynchages sont un reflet de la perte de confiance envers la police et l’appareil de Justice ».