Atelier de formation vidéo à Sololá

Aujourd’hui commence la 2ème session de formation au reportage vidéo d’un groupe de 10 personnes. Chaque session dure 4 à 5 jours. Nous sommes dans un centre associatif de Sololá, au bord du Lac Atitlán. Cela fait pratiquement 3 ans que notre « envoyé spécial » Grégory Lassalle anime ce type d’atelier au Guatemala. L’objectif est de permettre aux organisations sociales et aux communautés mayas de réaliser leurs propres reportages et documentaires.

La 1ère session a eu lieu un mois plus tôt et avait pour thèmes : scénario et prise de vue. La présente session reprend les thèmes précédents et rajoute : élaboration d’un plan de travail et approfondissement des connaissances techniques. La 3ème session doit avoir lieu fin janvier et abordera : montage et finalisation des projets.

Pour cette formation, Grégory Lassalle est épaulé par 2 professionnels :

  • Nahuel Vazquez, 33 ans, diplômé d’une école de communication à Madrid. Il travaille comme scénariste pour diverses institutions guatémaltèques et donne des cours de production audiovisuelle à la direction des spectacles du ministère de la Culture.
  • Elvis Vásquez, 21 ans, étudiant en communication, déjà 6 ans d’expérience en vidéo grâce à son père qui était du secteur.

Après le déjeuner, Grégory forme deux sous-groupes : Nahuel anime l’atelier « scénario » et Elvis l’atelier « prise de vue ».

Chaque stagiaire présente son travail effectué depuis la 1ère session. Pour Santos, il s’agit d’un scénario d’expériences de guérisons grâce à la médecine traditionnelle maya. L’action se situe dans le département du Quiché et s’appuie sur de nombreux témoignages de guérisseurs et de malades. Nahuel l’aide alors à structurer son scénario en 3 parties : introduction, problématique et résolution. Il lui explique comment capter l’attention du spectateur et maintenir son intérêt jusqu’à la conclusion.
Dans la salle d’à côté, Elvis apprend à Rosario à maîtriser les mouvements de caméra, d’abord avec une caméra lourde, montée sur trépied, puis avec un petit modèle tenu à la main. La stabilité s’avère être un apprentissage difficile, en plan fixe comme lors des mouvements latéraux ou de zoom. Maîtrise des gestes et de la respiration... Pas si facile !

Vicenta arrive au bout d’une heure, retardée par un problème familial. Elle nous apprend qu’un autre camarade inscrit, Abraham, ne peut venir ce jour car son patron ne l’a pas laissé partir ! Il essaiera de se libérer demain... Grégory me confirme que la disponibilité est un problème important. Les stagiaires, souvent jeunes et de condition très modeste, doivent parfois traverser le pays en bus pour venir ici. La moindre difficulté privée ou professionnelle compromet leur présence à l’atelier. L’une des participantes est venue avec son bébé, qu’elle allaite, et une amie qui s’en occupe pendant les ateliers.

Vicenta est celle qui m’impressionne le plus grâce à sa maîtrise technique de la caméra mais aussi grâce à sa science du séquençage. Elle nous montre un petit film qu’elle a tourné en décembre, présentant son voisin en train de travailler. Il coupe des arbres dans la forêt, à la tronçonneuse, puis fait des planches. Les séquences s’enchaînent avec fluidité, alternant les plans serrés, plans moyens, plans larges, avec ou sans mouvements de caméra, pour toujours maintenir l’intérêt du spectateur. Je n’aurais pu imaginer que l’auteur de ces images n’est pas une professionnelle expérimentée.

Les exercices de prise de vue et d’interviews s’enchaînent entre Vicenta et Rosario, se filmant l’une après l’autre. Puis Elvis diffuse les séquences sur la télé et amène les deux jeunes femmes à pointer toutes les améliorations possibles. Rien que du concret et du grand art !

Je sors ce cet atelier convaincu de sa grande valeur et confiant dans l’avenir professionnel ou communautaire / associatif de ces jeunes vidéastes. Je suis persuadé que la résolution des graves problèmes qui touchent les communautés mayas, la société civile et le monde syndical, passent aussi par l’appropriation, la maîtrise, des images et des témoignages qui en émanent. Cela contribuera à renforcer la démocratie balbutiante au Guatemala et à permettre à tout un chacun d’écrire son propre avenir.

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