Arrestation de l’ancien Président Portillo et demande d’extradition par les États-Unis

Alfonso Portillo, 58 ans, président de 2000 à 2004, détient le triste record du gouvernement le plus corrompu de l’histoire du Guatemala. Il aurait détourné près de 65 millions d’euros. En 2001, par exemple, 3,9 millions de dollars de fonds du ministère de la Défense avaient atterri dans une banque nationale, Credito Hipotecario National, dont le directeur était un complice nommé par lui-même !

En 2005, sans mandat politique lui garantissant l’immunité face aux procédures pour corruption ouvertes par la justice du Guatemala, Portillo s’était enfui au Mexique.
Finalement, il a été extradé au Guatemala, en octobre 2008, puis laissé en liberté sous caution dans l’attente de son procès. Depuis fin janvier 2010, c’est la justice des États-Unis qui l’accuse de détournement de fonds et blanchiment d’argent. Selon l’acte d’accusation, les fonds étaient déposés sur des comptes ouverts aux États-Unis aux noms de plusieurs proches, notamment son ex-épouse, Maria Eugenia Padua, et sa fille, Otilia Portillo. Le document signé par le procureur du tribunal fédéral du district sud de New York, Preet Bharara, cite également le cas de chèques de l’ambassade de Taïwan au Guatemala, pour 2,5 millions de dollars destinés à l’achat de livres scolaires, qui avaient été endossés en 2000 puis en 2002 par le président puis déposés sur un compte en banque en Floride et sur un autre compte à Paris. Selon le tribunal américain, pas un centime des fonds offerts par Taïwan au programme "Librairies pour la paix", n’avait atteint son destinataire initial.

Portillo a été capturé mardi 26 janvier par les forces de sécurité guatémaltèques, à Punta de Palma, plage du nord-est du pays, alors qu’il tentait de fuir vers le Belize. Il doit rester en détention en attendant de recevoir l’information des États-Unis, lesquels ont un délais de 40 jours, selon la résolution du tribunal guatémaltèque, pour présenter les documents justifiant leur demande d’extradition.

L’intéressé, interrogé au téléphone par la radio locale Sonora, estime que « Ceci est la suite d’une persécution qui a commencé avant même [s]on arrivée au pouvoir ». « Quand je comparaîtrai devant les tribunaux, je donnerai les noms de ceux qui ont fomenté ce complot, en détaillant tout ce qu’ils ont fait, où ils se sont réunis », a-t-il ajouté.

Le gouvernement américain et le président du Guatemala, Alvaro Colom, ont salué cette arrestation. Portillo, pourrait devenir le premier ancien président du Guatemala à être extradé vers les États-Unis et condamné à de la prison (il risque une peine de 20 ans).

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