Les communautés de Laguna del Tigre, Sierra Lacandón et les organisations du Petén, s’unissant avec les luttes nationales,souhaitons de nouveau rendre publiques les violations dont nous sommes victimes dans notre département et plus globalement dans le pays.
Nous réaffirmons que nous sommes des communautés paysannes, qui avons colonisé le département du Petén dans la sueur et dans le sang et qui venons de différents département du pays, en raison de politiques gouvernementales qui spolient nos terres pour les donner aux entreprises.
Nous sommes déçus par les gouvernements du Guatemala, parce qu’ils ont violé à de multiples reprises nos droits garantis par la la Constitution et les lois universelles, et cela sans un soupçon de honte. Au contraire, ils continuent d’ériger des lois et de défendre les intérêts des entreprises minières, d ’extraction de bois, de communications, pour l’obtention de végétaux ;des lois qui restreignent les droits et imposent des contraintes à la population, augmentent la dette nationale, violent le droit au référendum communautaire et nient le doit à la terre ; ils démontrent ainsi être des gouvernements-entreprises.
Les communautés qui vivent dans la Laguna del Tigre et Sierra Lacandon reflètent les conséquences de l’injustice qui existe au quotidien dans notre pays, le Guatemala. Nous ne sommes pas là pour détruire la forêt ou polluer l’environnement, comme le disent, en nous criminalisant, le gouvernement et le Conseil national des zones protégées -CONAP- dans différents médias. Nous sommes là parce que nous n’avons pas d’autre choix si nous voulons préserver nos enfants et petits-enfants de la faim et de la soif, nos terres d’origine étant concentrées entre les mains de grandes entreprises.
En effet, il est certain que dans ces zones dites protégées, le bois est exploité, les richesses archéologiques sont pillées, des animaux en voie d’extinction sont prélevés, il y a des achats etventes de terres et d’autres commerces parallèles. Mais tout ceci est connu de, ou négocié avec des personnes travaillant pour le CONAP. En effet, rien n’entre ni ne sort sans négociations préalables avec le CONAP, les militaires, DIPRONA [Division de la police pour la protection de la nature] et la Police Nationale Civile. Ce n’est pas un secret dans le département du Petén, mais pour éviter d’être inculpés, ils nous jettent la pierre, à nous, paysans qui travaillons la terre, semons le maïs, le haricot,la courge et le sésame. Ils nous arrêtent, ou nous expulsent, pour pouvoir développer de nouvelles affaires dans ces zones, comme ce qui s’est passé avec les terres de Centro Uno, de La Mestiza et deLa Revancha. Pendant ce temps-là, nos familles meurent de faim,exilées dans leur propre département.
Les accords de coopération que propose le CONAP ne sont pas viables, ils ne garantissent pas la libre utilisation des terres ni la sécurité de pouvoir y rester pour les communautés, car elles devraient respecter des d’obligations impossibles à tenir, ne pouvant être effectives d’un point de vue économique et du fait qu’aucun moyen n’est garanti. Ainsi l’opinion des communautés n’est pas prise en compte.
Les municipalités comme celle de La Libertad, avec le CONAP et les entreprises de service, ne doivent pas faire du chantage aux communautés pour obtenir la signature des accords en échange de l’accès à l’électricité ou à des projets d’infrastructure. La municipalité a pour obligation de gérer des projets, mais pas en faveur d’intérêts particuliers ou privés.
Nous défendrons les terres sur lesquelles nous vivons et que nous travaillons, puisque ces terres et leurs éléments sont les nôtres et n’appartiennent pas aux entreprises.
Pour cela, nous EXIGEONS :
1. Le respect de nos droits humains, le respect des intérêts du peuple et non des entreprises
2. L’abrogation de lois nocives telles que :
- la loi sur les zones protégées, politique sur les colonies humaines, Décret 16-2004,
- la loi forestière ; la loi sur les obtentions végétales,
- la loi de télécommunications,
- a loi sur les dos d’âne [et autres formes de manifestations],
- la loi de FONPETROL, qui bénéficie seulement les entreprises ou groupes de pouvoir économique particuliers.
3. Une réponse immédiate et sans restriction aux besoins de la population : l’assurance de terres pour travailler, éducation, logement, travail, santé et justice.
4. L’arrêt de la criminalisation, et du fait de lier les dirigeants communautaires aux groupes criminels de la région ; le Conseil National des Zones Protégées et les municipalités connaissent parfaitement ces groupes criminels et leur mode d’opération.
5. L’arrêt des arrestations illégales de paysans comme celles réalisées dans la Laguna del Tigre et la Sierra Lacandón ; le peuple ne supporte plus aucune injustice ni abus.
Il faut laisser travailler la population dignement pour survivre et s’engager dans la recherche de solutions plus efficaces. Les arrestations et les expulsions ne sont pas la solution à cette problématique.
6. Une réponse aux pétitions exposées par les communautés aux institutions.
7. Le respect et la garantie du respect des droits humains, économiques et sociaux, des droits de la participation politique contemplés dans la loi de décentralisation -qui inclut la formation de Conseils Communautaires de Développement - et dans le Code municipal, selon le processus de paix, la Constitution Politique de la République et les conventions internationales acceptées et ratifiées par le pays.
Délégation des communautés de La Libertad et Laguna del Tigre San Andrés, Petén.
Comité central de Laguna del Tigre
Conseils Communautaires de Développement de La Libertad et San Andrés, Petén.
Petén,Guatemala, 18 septembre 2014