Lettre ouverte à Michelle Bachelet

Le Collectif Guatemala est actuellement en alerte concernant la crise politique initiée fin août par le président Jimmy Morales lorsque celui-ci annonçait la non reconduction du mandat de la CICIG, cette commission de l’ONU qui vise à éliminer la corruption dans les plus hautes sphères de l’Etat, et qui vise directement le même président.

Manifestations - 20/09/2018
Crédits photos : Simone Dalmasso pour Plaza Publica

Nous partageons avec vous une brève chronologie des faits récents, ainsi qu’une lettre ouverte dirigée à Michelle Bachelet, la nouvelle Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

  • 31 août 2018 : Jimmy Morales annonce lors d’une conférence de presse, entouré de nombreux éléments militaires et policiers, que le mandat de la Commission Internationale contre l’Impunité au Guatemala (CICIG) ne sera pas renouvelé en 2019 et, trois jours plus tard, que son directeur, l’avocat Iván Velásquez, de nationalité colombienne (alors en déplacement aux Etats-Unis) n’est plus autorisé à rentrer au Guatemala, arguant que celui-ci menace "l’ordre et la sécurité publiques".

Cette décision intervient au moment où la CICIG vise le président dans une enquête pour financement illégal de sa campagne électorale.

En réponse à cela, l’ONU demande à Iván Velásquez de diriger la CICIG depuis l’extérieur le temps que la situation soit résolue au Guatemala.

Parallèlement, certain.e.s député.e.s essaient de faire passer une loi pour pouvoir destituer eux-mêmes (sans le filtre de la Cour Suprême de Justice) les magistrats de la Cour Constitutionnelle, la Procureure Générale et d’autres fonctionnaires.

  • 16 septembre : La Cour Constitutionnelle (CC) décide, à l’unanimité (les cinq juges étant du même avis), que le directeur de la CICIG peut rentrer au Guatemala et ordonne aux autorités de l’exécutif et migratoires de ne pas entraver le retour de celui-ci.
    Plusieurs organisations, avocat.e.s et défenseur.e.s des droits humains ainsi que le Procureur des droits humains, avaient déposé des amparos (recours) devant la CC sur ce point particulier, mais aussi sur le non renouvellement du mandat de la CICIG. Sur ce dernier, la CC n’a pas résolu positivement.
  • 17 septembre : Le gouvernement tente alors de donner une interprétation fallacieuse de la résolution de la CC et propose 48h à l’ONU pour proposer une liste de candidats pour diriger la CICIG. Le ministre de l’intérieur réaffirme qu’Iván Velásquez ne sera pas autorisé à rentrer dans le pays.
  • 19 septembre : António Guterres, Secrétaire Général de l’ONU déclare qu’Iván Velásquez reste le directeur de la CICIG.

Le même jour, la Cour constitutionnelle décide (par majorité : 3 contre 2) d’éclaircir sa résolution et explicite cette fois-ci que le directeur de la CICIG est Iván Velásquez. La Cour Constitutionnelle demande au Président, au Ministre de l’Intérieur et aux autorités de migration qu’ils laissent rentrer Iván Velásquez au Guatemala et souligne que toute désobéissance sera punie par la loi.

Plusieurs membres du gouvernement seraient susceptibles d’être destitué.e.s puisqu’ils désobéissent à la Cour Constitutionnelle.

Les prochaines heures s’annoncent critiques pour le futur du pays.

Ce 20 septembre, une importante mobilisation a lieu à Guatemala Ciudad, à l’appel des étudiant.e.s universiataires, et est soutenue dans les territoires autochtones, à l’appel des autorités autochtones ancestrales. De nombreuses manifestations ont lieu dans d’autres villes du pays.

Nous vous tiendrons informé.e.s de la suite des événements et nous vous invitons à rester alertes, en solidarité avec le peuple guatémaltèque et en appui à ses luttes pour la Justice et contre l’impunité !

Ci-joint la lettre ouverte à Michelle Bachelet en espagnol

Lettre ouverte à Michelle Bachelet

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