Criminalisation et répression des militants des droits humains au Guatemala : le cas de CODECA

Samedi 24 novembre, le Collectif Guatemala a reçu Leiria Vay à Paris, défenseure des droits humains guatémaltèque, qui s’est exprimée sur la répression subie par l’organisation Comité de Développement Paysan (CODECA) dont elle fait partie et dont six membres ont été assassinés en 2018.

Leiria Vay à l’événement "Pour la vie et pour la paix" à Montreuil le 24 novembre 2018
©Collectif Guatemala

Dans le cadre d’une tournée européenne, elle a exposé le contexte social et politique du Guatemala ainsi que la criminalisation et la répression à l’encontre de CODECA. Le Guatemala est un pays où l’impunité et la violence font partie du quotidien, notamment pour les défenseur.e.s du territoire et de l’environnement. Créé en 1992 par des paysan.ne .s sans terre pour défendre et promouvoir le droit à la justice, au développement et à la participation démocratique pour toutes et tous, CODECA s’est imposé comme une organisation de poids dans le pays et comme une force de mobilisation incontournable.

Six membres de CODECA assassinés en 2018
Leiria Vay a dénoncé l’impunité qui règne au Guatemala, notamment concernant l’assassinat des défenseur.e.s des droits humains. Victime la plus récente, Juana Raymundo, jeune femme maya ixil âgée de 25 ans, a été assassinée le 27 juillet 2018. Membre de CODECA depuis plusieurs années, elle s’était formée et avait grandi avec le mouvement et en était une figure importante. Elle était aussi pressentie pour représenter CODECA aux prochaines élections législatives. Torturée avant d’être assassinée, le cas de Juana atteste de l’augmentation des réactions violentes contre les expressions sociales locales qui exigent un changement de la structure économique du pays. Elle est également un exemple frappant des violences de genre que subissent les femmes défenseures des droits humains, pour lesquelles les assassinats sont souvent plus violents (torture ou viols sont fréquents) et qui sont victimes d’une double persécution du fait de la stigmatisation liée à leur genre et à leur combat en faveur de la défense des droits humains.

La criminalisation des défenseur.e.s comme outil de répression
La défenseure a aussi profité de sa tournée à Paris pour dénoncer la criminalisation dont sont victimes les leaders sociaux. Depuis 2015, plus de 200 défenseur.e.s membres de CODECA ont été emprisonné.e.s. Or, seulement deux décisions judiciaires ont été rendues, toutes les deux gagnées par CODECA. La criminalisation vise à restreindre la capacité d’action des leaders politiques en les dépossédant de leurs droits politiques ainsi que de leur liberté de mouvement, tous deux suspendus tant qu’ils et elles sont visé.e.s par un processus judiciaire.

Leiria Vay est donc venue dénoncer la répression du gouvernement, mais aussi la détermination de tou.te.s ses camarades à continuer de défendre le droit à la terre et à un environnement sain. En visibilisant leur lutte, en questionnant les actions et l’impact de nos multinationales à l’étranger, en demandant à nos gouvernement de faire pression sur le gouvernement guatémaltèque pour qu’il respecte les droits humains ; nous luttons nous aussi pour construire un autre modèle de société.

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