Suspension du procès pour génocide, nouvelle victoire de l’impunité

Paris, le 7 janvier 2015 – Le deuxième procès de l’ex-dictateur Efraín Ríos Montt, et son chef des renseignements militaires, Mauricio Rodríguez Sánchez pour génocide et crime contre l’humanité ouvert lundi 5 janvier a été reporté sine die.

L’excuse médicale présentée par les avocats de Ríos Montt a été rejetée par le Tribunal de Sentence de Haut Risque B, qui a ordonné la comparution de l’ex-général au tribunal, mais le recours présenté pour récuser la juge Jeannette Valdés a été accepté.

Ce recours se réfère à la thèse de maîtrise de la juge, dont le sujet portait sur le crime de génocide. Selon la défense de Ríos Montt, avoir travaillé sur le sujet met en doute son impartialité. La juge Valdés a déclaré, lors de l’audience du 5 janvier, que cette thèse constitue une recherche académique et ne présumait en rien d’un jugement futur, ne constituant donc pas une « émission d’opinion anticipée sur le sujet ».

Néanmoins, les arguments de la présidente du Tribunal, ainsi que la demande des avocats des parties civiles, du Ministère Public, et de la défense de Rodríguez Sánchez de ne pas accepter la récusation, n’ont pas suffi à convaincre ses pairs, qui ont voté sa récusation à deux voix contre une.

Le procès est donc reporté sine die, jusqu’à ce qu’un(e) autre juge soit chargé(e) du dossier et qu’une nouvelle date soit fixée.

« La décision rendue ce lundi après-midi est une nouvelle victoire pour l’impunité. On a vu par le passé que la désignation de nouveaux magistrats et la définition d’une nouvelle date pour un procès est un processus qui peut prendre des mois, voire des années. La stratégie des avocats de Ríos Montt est clairement destinée à attendre l’aggravation de l’état médical de ce dernier, voire son décès, afin de lui éviter un second procès pour les crimes de génocide dont il est accusé » résume Thibaud Marijn, président du Collectif Guatemala.

Efraín Ríos Montt, aujourd’hui âgé de 88 ans, a été à la tête d’un gouvernement militaire durant la période qualifiée comme la plus meurtrière (1982-1983) du conflit armé (1960 à 1996), qui a causé plus de 200 000 morts ou « disparus forcés », 1 million de déplacés internes, 400 000 réfugiés à l’étranger et rayé quelques 440 villages de la carte entre 1960 et 1996. Ríos Montt et Rodríguez Sánchez sont accusés pour leur responsabilité dans plus de 15 massacres visant l’ethnie Maya Ixil dans le département du Quiché, où sont mortes 1 771 personnes.

Le nouveau procès ouvert le 5 janvier donnait suite à l’annulation du premier qui avait eu lieu en 2013 condamnant Ríos Montt à 80 ans de prison.

Le Collectif Guatemala accompagne les organisations de la société civile guatémaltèque depuis 1979, et la AJR et CALDH, partie civile au procès, depuis le dépôt de leur première plainte en 2001.

Pour plus d’information :

Les coordinateurs et représentants du Collectif Guatemala sont joignables à Ciudad de Guatemala et à Paris pour répondre aux questions. Pour toute demande, veuillez vous adresser à :

Thibaud Marijn, Collectif Guatemala – 06 60 07 02 75 collectifguatemala@gmail.com

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