Sentence pour génocide : entre mémoire et oubli

Traduction de la note publiée sur le blog d’ACOGUATE.

Trois ans après la sentence pour le génocide maya ixil, prononcée le 10 mai 2013, l’Association pour la justice et la réconciliation (AJR) et le Centre pour l’action légale en droits humains (CALDH) ont appelé à sa commémoration, le vendredi 13 mai 2016. Une sentence qui reste valide pour les personnes qui, à travers elle, ont obtenu justice, malgré son annulation et les recours déposés, qui ralentissent le déroulement d’un nouveau procès.

La commémoration s’est tenue dans la Maison de la mémoire en présence de la société civile et des membres de l’AJR. Un espace qui a laissé place à l’expression artistique, à travers la musique et la poésie. Il a été rappelé que les souffrances subies ont été le moteur de la recherche de la justice, ainsi que la nécessité d’affirmer la mémoire pour que les nouvelles générations n’aient pas à affronter la même situation, pour que toutes et tous puissent hériter de la paix.

Une nouvelle fois a été réaffirmée avec force la volonté que cette sentence ne tombe pas dans l’oubli : le chemin a été long et difficile, mais aussi d’une grande importance pour tous les survivants.

(photo : ACOGUATE)

Le jour précédant la commémoration, la Première salle d’appel du Tribunal de haut risque B avait donné suite au recours provisionnel octroyé le 4 mai 2016 et qui ordonne la séparation du procès pour les deux accusés : il y aura d’un côté un procès avec procédure spéciale, qui respecte les mesures de précaution, à l’encontre de l’ex-militaire et chef d’Etat Efraín Ríos Montt. Il se déroulera à huis-clos, ce dernier ne disposant pas de toutes ses facultés mentales et volitives. De l’autre côté, se déroulera un procès ordinaire et public à l’encontre de l’ancien chef des renseignements militaires Mauricio Rodríguez Sánchez. Le recours déposé annule l’amparo octroyé le 25 août 2015, lorsqu’il avait été décidé de procéder à un procès commun et spécial, sans la présence de la presse et d’observateurs, seules les victimes étant présentes. Les deux inculpés sont accusés de génocide et de crimes contre l’humanité.

Il a été expliqué au tribunal que mener les deux procès ensemble (un avec mesures de sécurité et l’autre ordinaire), alors que leurs natures sont différentes, portait atteinte aux garanties constitutionnelles des victimes. Comme l’établissent les articles 29 et 30 de la Constitution politique de la République, 356 du Code de procédure pénale et 63 de la loi de l’Organe judiciaire, il se commet une grave erreur en jugeant les deux accusés sous les règles d’un procès avec mesures de sécurité, à huis-clos et en l’absence des médias, car dans le cas du procès ordinaire contre José Mauricio Rodríguez Sánchez, tant les victimes du génocide que la société guatémaltèque et l’humanité ont le droit d’être présentes lors du débat oral et public.

Communiqué CALDH-AJR, 4 mai 2016

(photo : ACOGUATE)

Au cours de l’audience publique, les avocats de CALDH et AJR, qui ont déposé ce recours, ont souligné l’importance du respect du principe de publicité dans le débat public et oral, particulièrement du fait du type de crimes jugés, « pluri offensifs et de portée internationale (…) qui lèsent les valeurs de l’humanité ». De telle sorte que « la divulgation de la vérité permet le renforcement de la démocratie ».

Actuellement, le procès est suspendu pour la deuxième fois, après que le tribunal a décidé de déplacer à Nebaj trois jours d’audiences pour pouvoir écouter à nouveau les témoins qui, pour des raisons d’âge et de santé, ont des difficultés à voyager jusqu’à la capitale. Des témoins qui ont de nouveau offert leur témoignage « pour que mes enfants ne souffrent pas ce que j’ai souffert ».

(photo : ACOGUATE)

ACOGUATE accompagne AJR depuis 2000 et observe le procès pour génocide

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