Les 15 et 16 août derniers(1), sous prétexte de rechercher des leaders communautaires de la CODECA (voir Solidarité Guatemala 209), la communauté maya Q’eqchi de Monte Olivo, Alta Verapaz, a subi une importante répression policière qui a résulté en l’arrestation arbitraire de sept personnes et le décès de trois autres(2), atteintes par les armes à feu des forces de police, après que celles-ci aient épuisé leurs stocks de bombes lacrymogènes. La Police Nationale Civile (PNC) est ainsi responsable de plus de 60 blessés en l’espace de 48 heures. Le Ministère de l’Intérieur avait préparé la mobilisation de plusieurs milliers d’agents de police dans le but d’expulser les communautés sur les rives du fleuve Dolores, Monte Olivo, 9 de Febrero et d’autres.
Quelques jours auparavant, la tentative d’expulsion avait échoué et la police a alors fait appel aux travailleurs des fincas alentours qui ont ainsi permis la destruction des foyers d’une cinquantaine de familles dans la communauté 9 de Febrero. Au même moment, la population Q’eqchi de Raxruha’ subissait également les attaques de la PNC où, malgré l’absence d’ordonnance judicaire, Rafael Chen et María Carmen Delfin ont été séquestrées en lieu et place des leaders recherchés.
Un campement de 80 agents de la PNC s’est installé à Monte Olivo, propriété, depuis 1986, de 620 familles empêchées de regagner leurs maisons par crainte de la répression et des enlèvements. Elles se sont alors réfugiées dans les montagnes, sans accès à la nourriture, ni aux besoins de base.
Depuis cette date, le Centre des Médias Indépendants (CMI) du Guatemala, dont certains journalistes avaient couvert les événements, a subi plusieurs attaques, notamment informatiques(3). En plus des menaces directes à l’encontre de Gustavo Illescas, auteur du papier sur l’expulsion, le 23 août dernier l’un des membres du CMI a été séquestré, menacé et roué de coups pendant plusieurs heures, puis relâché.
Ces attaques, particulièrement violentes, interviennent dans un contexte de censure croissante de la presse et au cœur d’une région où les méga-projets alimentent des instruments de répression de plus en plus prégnants depuis deux ans(4) ; une région à la conflictivité sociale élevée, conséquence directe de l’implantation violente d’un modèle de développement qui tient à l’écart les droits et décisions des communautés(5).
1. « Represión contra el pueblo Maya Q’eqchí en el territorio de Alta Verapaz », Prensa Comunitaria km. 169, 15/08/2014.
2. « Video : Tres campesinos asesinados en Monte Olivo », Centro de Medios Independientes, 20/08/2014.
3. « CMI denuncia ataques en su contra tras cobertura en Alta Verapaz »,Centro de Medios Independientes, 29/08/2014.
4. « Monte Olivo a Monte Olvido : 2 años de represión », Centro de Medios Independientes, 11/05/2014.
5. « Monte Olivo contra el desarrollo violento », Andrés Cabanas pour Memorial de Guatemala, 20/08/2014.