San Rafael Las Flores : justice et répression

Autre cas emblématique des violences liées à l’activité minière au Guatemala, la situation autour du projet El Escobal à San Rafael Las Flores, département de Santa Rosa s’est de nouveau détériorée. Le dimanche 5 avril était ainsi assassiné Telésforo Pivaral, agriculteur et membre actif du Comité pour la défense de la vie et de la paix de San Rafael. Dans un communiqué (1),plusieurs organisations ont salué son fort engagement contre l’activité minière et souligné le fait que cet assassinat intervenait quelques temps après la réalisation d’études préparatoires par des employés de Minera San Rafael (filiale guatémaltèque de l’entreprise canado-étatsunienne Tahoe Resources) dans la communauté de El Volcancito, où résidait M. Pivaral.

Peu de temps après, l’activiste écologiste et des droits humains Roberto de Jesús Pivaral y Pivaral était quant à lui arrêté sur ordre de la juge Carol Patricia Flores. Précandidat aux élections municipales de septembre prochain à San Rafael pour le parti Lider, il était accusé d’avoir commandité l’assassinat d’un soutien du parti UNE. Défendu par le Centre d’action légale-environnementale et sociale (CALAS), Roberto Pivaral a été libéré le 30 avril, après que fermeture du dossier faute de preuves. Il semble que, comme dans le cas de Rigoberto Juárez, le but de cette arrestation est de l’exclure du prochain processus électoral en lui imputant des délits ouvrant la voie à une procédure judiciaire.

Parallèlement à l’augmentation de la répression, certaines avancées étaient obtenues. Le 13 avril, suite à une plainte déposée par CALAS, un tribunal pénal de Santa Rosa inculpait et envoyait en prison préventive Carlos Roberto Morales Monzón, gérant de Mina San Rafael, pour délit de pollution industrielle de plusieurs cours d’eau, une première dans le pays (2). Il a depuis été remis en liberté.

Au Canada s’est ouvert devant la Cour suprême de Colombie britannique le procès intenté contre Tahoe Resources par sept hommes blessés par des tirs d’agents de sécurité privés de la mine El Escobal contre la résistance pacifique le 27 avril 2013 (3). La veille de l’audience, le 7 avril, a été rendu public l’un des principaux éléments de preuve sur le site tahoeontrial.net. Il s’agit d’enregistrements audio mettant directement en cause Alberto Rotondo, ancien chef de la sécurité de la mine. Celui-ci, actuellement détenu au Guatemala, y déclare notamment « Oui, je les ai criblés de balles. Qu’ils aillent se faire foutre. Ils arrivent en crevant de faim. Qu’ils aillent gagner leur vie ailleurs, qu’ils se trouvent un travail, non ? Ils disent qu’il y en a un avec une blessure par balle au visage eh... Si ça leur explose en pleine face, c’est avec des balles qu’ils apprennent. » (4).

1. Traduit en français sur le site du CG, http://bit.ly/1J4jNXo
2. « Gerente de mina San Rafael es enviado a prisión por caso de contaminación », Prensa Libre, 13.04.15
3. « Suite des évènements à San Rafael Las Flores », Collectif Guatemala, 04.07.13
4. Melisande Seguin, « « Qu’ils aillent se faire foutre » : Des preuves accablantes contre Tahoe Resources Inc. au Guatemala », PAQG, 15.04.15

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