Au Guatemala, la Loi de protection et amélioration de l’environnement oblige les entreprises pétrolières à déposer une étude d’impact environnemental, qui doit être approuvée par le Ministère de l’environnement et des ressources naturelles (MARN).
En juillet 2015, le Ministère public guatémaltèque a demandé au MARN qu’il confirme que l’entreprise Perenco Guatemala Limited, filiale de l’entreprise franco-britannique Perenco, bénéficie d’une telle approbation. La réponse du MARN, rendue publique en novembre 2015, a fait couler de l’encre dans les médias guatémaltèques : Perenco opère depuis 2010 sans étude d’impact environnemental approuvée.
Perenco a bien déposé un diagnostic en avril 2011. En 2012, le document a fait l’objet d’un examen par le MARN qui recommandait alors sa non approbation, dans la mesure où l’information souffrait d’insuffisances et d’inconsistances. Cependant, aucune résolution finale n’a été prise, sans que soient connus « les motifs pour lesquels il n’y a pas eu de résolution au moment opportun ». Par ailleurs, le Conseil national des aires protégées (CONAP) ne « retrouve pas » le dossier d’évaluation de l’étude d’impact environnemental (1).
Durant les cinq dernières années, ni le gouvernement d’Alvaro Colom ni celui d’Otto Pérez Molina n’ont assumé la responsabilité de valider ou non le diagnostic présenté par Perenco. Le MARN et le CONAP n’ont pas respecté les procédures administratives et on fait disparaître des documents, ce qui a permis à l’entreprise pétrolière de se soustraire au contrôle environnemental. En cinq ans de silence administratif, l’entreprise aurait dû obliger l’État guatémaltèque à lui répondre.
Reprenant le processus là où il avait été arrêté en 2012, le MARN, alors dirigé par Andreas Lehnhoff, a décidé le 4 janvier 2016 la non approbation du document présenté par Perenco et « la suspension du projet jusqu’à ce qu’il soit approuvé par le MARN ». La Procuradoría General de la Nación a également recommandé à l’entreprise de suspendre ses activités jusqu’à ce qu’une décision soit prise, avant de changer d’avis et lui permettre de continuer d’opérer.
Perenco a fait appel à la décision du ministère. Le nouveau ministre de l’Environnement et des ressources naturelles du gouvernement de Jimmy Morales, Sydney Samuels, avait 35 jours, à compter du 5 février, pour rendre publique la décision définitive. Lors d’une réunion avec des membres du Collectif Guatemala en mars 2016, l’ambassadeur de France au Guatemala, Jean-Hugues Simon-Michel a réitéré son appui à Perenco. En novembre 2015 il a effectué une visite du site d’exploitation, dans le département du Petén, en soutien à la multinationale franco-britannique.
Les organisations du Petén qu’accompagne le Collectif Guatemala à travers le projet d’accompagnement au Guatemala ACOGUATE ne cessent de souligner la situation conflictuelle et la persécution dont souffrent les leaders communautaires dans le parc national de la Laguna del Tigre où opère l’entreprise. La présence de celle-ci est un facteur clé de la conflictivité (2).
Article publié dans Solidarité Guatemala 217
1. Sebastián Escalón, « Nadie controla a Perenco, y la Procuraduría le dice que se detenga », Plaza Pública, 03.02.16
2. Voir le numéro spécial Perenco de Solidarité Guatemala d’octobre 2012 ainsi que la page que lui consacre Sauvons la forêt