Le 26 août, le Conseil des Peuples Mayas –CPO– a présenté un recours à la Cour Constitutionnelle contre le Décret-loi 19-2014, la « loi pour la protection d’obtentions végétales », surnommée aussi « loi Monsanto ». Cette loi nocive vise à privatiser le vivant, ce qui reviendra à interdire aux paysans de pouvoir reproduire et utiliser leurs semences anciennes. Son adoption résulte d’engagements pris par le Guatemala dans le cadre du traité de libre échange signé entre l’Amérique, les États-Unis et la République Dominicaine en 2005. Cette loi « bénéficie directement les obtenteurs [producteurs de semences] qui sont généralement des entreprises multinationales productrices d’OGM », dénonçait Magaly Arrecis, experte socio-environnementale de l’Institut des Problèmes Nationaux de l’Université publique San Carlos.
Le texte a été approuvé par le Congrès et publié au Journal Officiel le 26 juin, en pleine coupe du monde de football. La nouvelle avait rapidement suscité la réaction de personnalités pro-mouvements autochtones et paysans, et écologistes, comme Magali Rey Rosa(1) ; des manifestations ont eu lieu à partir d’août, à Ciudad de Guatemala et dans les départements, avec des blocages de route, comme à Sololá début septembre.
Le 3 septembre, c’est dans un Congrès entouré de centaines d’agents de police que les députés ouvraient la 1ère séance visant à abroger la loi -décidée la veille-, et pendant plusieurs heures, ils auraient présenté des excuses quant à leur précipitation pour l’adoption du texte. Ce même jour, le Mouvement Syndical Autochtone et Paysan Guatémaltèque (MSCIG) présentait une proposition de loi « de protection des espèces végétales ». Comme dans biens d’autres cas, la rapidité du passage d’un texte de loi est inversement proportionnelle aux bénéfices de celui-ci pour la population(2), mais l’on peut s’imaginer l’importance des pots-de-vin reversés aux « représentants du peuple » pour vendre leur pays et ses ressources de la sorte. Les différents recours juridiques déposés et les manifestations populaires ont finalement poussé les députés à annuler cette loi : le 4 septembre, le congrès votait d’ « urgence nationale » l’abrogation du décret !(3)
1. « ¡Gool ! (¿de Monsanto ?) », Prensa Libre, 25/07/2014
2. La Loi de Développement Rural Intégral, initiative des organisations sociales et paysannes, est bloquée depuis son entrée au Congrès depuis 2009, sans aucune avancée, avec un espoir d’adoption en 2012.
3. « Congreso deroga en su totalidad Ley de Obtención de Vegetales », Emisoras Unidas, 04/09/2014.