Jimmy Morales unifie le mouvement social, qui manifeste contre lui et en faveur de la CICIG

Traduction de l’article d’Angel Mazariegos Rivas pour Plaza Pública.

Durant plus de six heures, des milliers de citoyens ont manifesté à l’appel de la Municipalité autochtone de Sololá le lundi 10 septembre, contre la décision du président Jimmy Morales de ne pas renouveler la mandat de la CICIG. Avec cette mobilisation a commencé une série de manifestations au plan national, qui ont comme objectif d’exiger au dirigeant qu’il fasse marche arrière sur cette décision et qu’il démissionne de son poste pour se soumettre à la justice.

Manifestation de Sololá du 10 septembre 2018
©Prensa Comunitaria

Jimmy Morales a réussi la même chose que le Président Otto Pérez Molina en son temps : unifier les différentes organisations du mouvement social guatémaltèque (étudiants et professeurs d’universités, autochtones et paysans, activistes humanitaires, écologistes et religieux) autour d’une seule cause. Après plusieurs réunions de coordination, les dirigeants de plus de cinquante organisations se sont mis d’accord pour réaliser différentes manifestations, blocages de route et rassemblements pour rejeter la décision du président d’interdire l’entrée dans le pays au commissaire Iván Velásquez. Par ces actions, le mouvement social chercher aussi à faire pression sur le gouvernement pour que celui-ci revienne sur sa décision de ne pas renouveler le mandat de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG).

Les manifestations, qui, selon les prévisions, iront en se renforçant tout au long de la semaine jusqu’à déboucher sur une grève nationale, similaire1 à celle qui s’est déroulée le 20 septembre de l’année dernière, lors des protestations contre le « pacte des corrompus » impulsé depuis le Congrès et soutenu par l’Exécutif, exigeront également au président Morales qu’il démissionne de son poste et se rende devant la justice pour répondre des accusations de financement électoral illégal que lui adressent le Ministère public et la CICIG.

La manifestation de lundi, à laquelle on participé plus de 35 000 personnes selon les organisateurs, s’est déroulée pendant six heures en trois points du département de Sololá (Los Encuentros, Las Trampas et La Cuchilla) à l’appel de la municipalité autochtone de celui-ci. « Ce que nous exigeons, c’est qu’ils renouvellent le séjour de la CICIG au Guatemala », signale Mateo Chiroy, secrétaire de la municipalité. Les 71 communautés de ce département, ajoute le maire Samuel Saloj, « soutiennent unanimement la continuité de la CICIG en tant qu’instrument précieux pour lutter contre la corruption » qui règne dans le pays.

Une délégation de manifestants a voyagé à la capitale et s’est rendue à la Maison présidentielle pour y remettre un recueil de demandes au gouvernement, parmi lesquelles la démission de Morales.

Quelques heures après la fin de la manifestation à Sololá , dans le centre historique de la capitale, des centaines d’activistes, menés par les leaders de l’Association des étudiants universitaires (AEU), des collectifs urbains, des religieux et des artistes, organisèrent un cortège qui parcourut les rue entre le Congrès de la République et le siège de la Cour constitutionnelle. Leurs demandes : les mêmes que celles des Sololatecos, avec un ajout : que les députés s’abstiennent d’approuver en troisième lecture les réformes à la Loi en matière de mises en accusation [Ley en Materia de Antejuicios], par lesquelles ceux-ci cherchent à exclure la Cour suprême de justice du processus de retrait de l’immunité des fonctionnaires de l’Exécutif et du Jucidiaire, dans le but d’accélérer celui-ci sans la médiation du filtre juridique indispensable pour garantir un procès équitable.
Bien que l’instance des chefs de groupes parlementaires n’aie pas inclus cette initiative pour la réunion de mardi, la députée Sandra Morán, du groupe de Convergencia, avertit qu’il est « très possible » que les députés ayant un intérêt dans l’approbation de ces réformes réussissent à inclure leur approbation à travers une motion privilégiée.
L’AEU a appelé à un rassemblement devant le Congrès ce mardi à midi pour manifester contre l’approbation de cette initiative.

Les habitants de Solola ont manifesté sur la route Interamericana
©Prensa Comunitaria

Les 48 cantons de Totonicapán attendent la participation d’au moins 60 000 personnes pour la manifestation de mardi

Pour ce mardi, les 48 cantons de Totonicapán, l’organisation communautaire la plus ancienne du pays, ont également appelé à une marche massive. En plus d’exiger la démission de Jimmy Morales et d’exprimer leur soutien à la CICIG - « peu importe qui en soit à la tête » selon Eduardo Yax, président de l’organisation – les Totonicapenses exprimeront aussi leur rejet de la hausse des tarifs de l’électricité et de l’usage d’OGM dans la production agricole.
Les points prévus pour la manifestations sont Cuatro Caminos, La Morería, Alaska, 60 Vueltas et Xecanchavox. Les organisateurs attendent la participation d’au moins 60 000 personnes.
Mercredi 12, le Comité de développement paysan (CODECA) a prévu de réaliser une manifestation dans la capitale. « Nous partirons de quatre points de rassemblement : Metronorte, Obelisco, Trébol et la voie Roosevelt, à partir de huit heures du matin. Nous marcherons jusqu’au Ministère public et au Congrès, avant de nous réunir au Parque central, explique Cirilo Pérez, dirigeant de cette organisation.
Marcelo Sabuc Xalcut, dirigeant du Comité paysan de l’altiplano (CCDA) déclare quant à lui que son organisation n’a pas encore décidé quand elle ira manifester, mais assure qu’elle rejoindra les mobilisations de CODECA et de l’AEU. « Nous apporterons notre soutien pour tenir les piquets de grève ».
Dans le même sens, Moisés Divas, membre du Parlement du peuple xinca, indique que les autorités sont actuellement réunies en assemblée et n’ont pas encore décidé de quelle façon elles agiraient, mais qu’il estime très probable qu’elles soutiennent la manifestation de CODECA le mercredi.
Daniel Pascual, du Comité d’unité paysanne (CUC), dit avoir confiance dans la communication que maintiennent entre eux les collectifs urbains et les groupes paysans et autochtones, et que « l’idée est d’appeler à une grève nationale » pour faire sentir la force du mécontentement social contre le gouvernement et le soutien à la CICIG.
Un sondage [1] de l’entreprise Cid Gallup, publiée par ConCriterio, signale que 71 % des Guatémaltèques sont opposés à la décision du gouvernement de ne pas renouveler le mandat de la CICIG et soutiennent la poursuite de l’activité de la Commission, et que 53 % d’entre eux soutiennent le commissaire Iván Velásquez.
Lundi durant la nuit, la Cour constitutionnelle a octroyé un amparo professionnel au procureur des droits humains, Jordán Rojas, afin que l’État garantisse le droit de manifester des Guatémaltèques, le maintien de l’ordre public et la sécurité des citoyens.

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