Tournée européenne de défenseurs des droits humains guatémaltèques

Lutte pour la défense du territoire à San Marco

Répression et criminalisation contre les défenseur.e.s des droits humains

27 novembre au 11 décembre 2017

1. Contexte

Au Guatemala, deux ans après les manifestations historiques de 2015 qui ont menés à la démission de l’ex-président Otto Perez Molina et qui ont généré d’immenses attentes démocratiques au sein de la population, la situation des défenseur.e.s des droits humains reste préoccupante. Les secteurs corrompus et les groupes politiques traditionnels continuent de s’opposer aux élans démocratiques d’une société qui s’organise, notamment parmi les franges historiquement les plus exclues de la population.

Le tandem Commission International Contre l’Impunité au Guatemala (CICIG) et Ministère Public (MP) a permis de révéler des scandales de corruption de grande ampleur. L’actuel président, Jimmy Morales, est d’ailleurs dans la tourmente pour financement de campagne illégal. L’attention se focalise sur ces scandales qui font vaciller la tête de l’État et masque un autre phénomène, l’atmosphère hostile et délétère à l’encontre des mobilisations sociales et des défenseur.e.s des droits humains.

Les communautés autochtones et les leaders communautaires qui souhaitent protéger leurs territoires et les ressources naturelles qui s’y trouvent, face à l’imposition de mégaprojets économiques, sont les premiers touchés par ce climat de répression. Selon l’Unité de protection des défenseur.e.s des droits humains du Guatemala (UDEFEGUA), en 2016, 27% des agressions enregistrées ont été dirigées contre des défenseur.e.s du territoire, des ressources naturelles et de l’environnement.

Pourtant, ces défenseur.e.s revendiquent avant tout le droit à la consultation et au consentement préalables, libres et informés défini dans la Convention 169 de l’OIT relative aux peuples indigènes et tribaux, en ce qui concerne l’implantation de projets économiques sur leurs territoires. Mais, « la doctrine de ‘l’ennemi interne’, qui considère toute voix dissidente ou contraire comme ‘ennemie’, se manifeste actuellement au travers de la catégorisation des personnes défenseures de la terre, du territoire et de l’environnement, comme ‘opposantes’, ‘ennemies d’État’, ou même ‘terroristes’ » .

Un phénomène particulièrement alarmant est celui de la criminalisation des défenseur.e.s des droits humains, autorités ancestrales et leaders communautaires, qui se manifeste à travers les nombreux mandats d’arrêt, la persécution judiciaire, la paralysie des procès, l’augmentation disproportionnée des plaintes contre les défenseur.e.s, en comparaison avec la stagnation des plaintes déposées par ces dernier.e.s pour les agressions qu’ils et elles subissent, et la diffamation croissante à leur encontre. Pour José de Jesús Orozco, Rapporteur de la Commission interaméricaine des droits de l’Homme sur les droits des défenseur.e.s des droits humains, la criminalisation a pour but de « les faire taire et les sanctionner » .

Le Collectif Guatemala a fait du thème de la criminalisation et répression des défenseur.e.s du territoire et de l’environnement l’un de ses axes de travail principaux. En 2015, nous avions organisé une tournée autour du cas emblématique des prisonniers politiques de Huehuetenango . En 2016, ces derniers ont tous été libérés, lors d’un procès historique qui a reconnu le phénomène de criminalisation des autorités ancestrales et défenseurs des droits humains. La juge en charge du procès a même publiquement exhorté les fonctionnaires à ne plus utiliser le droit afin de réprimer les mouvements sociaux.

2. Criminalisation et répression à San Pablo, San Marcos – Le cas de l’entreprise HidroSalá

Aujourd’hui, nous souhaitons sensibiliser le public et les décideurs français et européens à un autre cas emblématique de criminalisation : celui du projet de centrale hydroélectrique HidroSalá, qui tente de s’implanter sur le territoire de la municipalité de San Pablo (département de San Marcos) sans le consentement de la population locale, majoritairement maya Mam, depuis 2008. La tension dans cette région a augmenté à partir de 2014 et depuis ce ne sont pas moins de onze personnes qui ont été mises en examen et incarcérées dans quatre affaires différentes. Les prisonniers, considérés comme prisonniers politiques, ont décrit des conditions de détention très dures. Aujourd’hui 6 d’entre eux ont déjà purgé leurs peines ou ont été libérés après avoir été déclarés innocents. 3 sont toujours en prison et 2 sont en liberté conditionnelle.

3. Présentation des défenseurs invités

Fausto Sánchez Roblero est un leader communautaire du peuple maya Mam au Guatemala à San Pablo, San Marcos. Il fait partie des 11 personnes qui ont été incarcérées. Fausto a été emprisonné pendant deux ans et trois mois avant d’être libéré en mars 2017. Accusé de l’enlèvement d’un ouvrier de l’entreprise hydroélectrique, il a été déclaré innocent à la fin du procès.

« Le cas le plus représentatif de la persécution pénale organisée depuis l’État en collusion avec l’entreprise HidroSalá est celui de Fausto Sánchez Roblero. Fausto s’est prononcé publiquement contre l’imposition du projet hydroélectrique, motif pour lequel il a été détenu le 10 novembre 2014, pour association illicite et séquestration, et deux dénonciations ont été émises contre lui, ce qui l’a obligé à faire face à deux procès. Les deux dénonciations portaient sur des faits lors desquels il n’était pas présent. »

Rolando López Crisóstomo est coordinateur général de l’Association pour le développement intégral Maya Ajchmol et membre du conseil maya Mam dans la région de San Marcos au Guatemala. Depuis cette ville, il travaille pour la coordination, le soutien et la convergence de diverses mobilisations dans la région, comme celles contre le projet hydroélectrique HidroSalá à San Pablo et contre la mine d’or Marlin à San Miguel Ixtahuacán.

4. Objectifs de la tournée

 Rendre visibles les mobilisations pour la défense du territoire dans le département de San Marcos, et plus particulièrement dans la municipalité de San Pablo.
 Rendre visibles les violations des droits humains perpétrées par l’État du Guatemala et l’entreprise HidroSalá dans cette région.
 Sensibiliser le public européen à la problématique de la criminalisation et judiciarisation de la mobilisation sociale au Guatemala.
 Sensibiliser les représentant.e.s politiques français.e.s et européen.ne.s sur la situation des droits humains au Guatemala
 Que les mouvements de solidarité en Europe se solidarisent et rendent visibles ces résistances afin de renforcer la protection des défenseurs des droits humains au Guatemala.

5. Agenda, partenaires et activités prévues

Genève – du 27 au 30 novembre, avec Peace Watch Switzerland, Km207 Guatemala-Suisse, CETIM : événement public, réunions avec des rapporteurs spéciaux de l’ONU, participation à des side-events dans le contexte du Forum Entreprises et droits humains de l’ONU.

Toulouse – du 30 novembre au 3 décembre avec le Collectif Solidarité Guatemala de Toulouse : événement public « Luttes et résistances contre les multinationales au Guatemala » le vendredi 1er décembre à partir de 19h30 au Hangar de la Cépière (8 bis rue de Bagnolet, Métro Arènes), en partenariat avec FAL Toulouse, El Cambuche, Creando Escuela, Les Amis du Monde Diplomatique, Amnesty international Toulouse ; et réunions interassociatives.

Barcelone – du 3 au 5 décembre avec la Plataforma de Solidaridad con Guatemala de Barcelona : événement public « Guatemala : la défense du territoire devant l’imposition de projets énergétiques » et réunions interassociatives.

Rennes – du 5 au 7 décembre, avec le soutien d’une ex-volontaire du Collectif Guatemala : événement public "Criminalisation des défenseur.e.s des droits humains au Guatemala" le mardi 5 décembre à 18h30 au CRIDEV, 41 avenue Janvier.

Paris – du 7 au 11 décembre avec le Collectif Guatemala et ses partenaires de l’Intercollectif Guatemala (CCFD-Terre solidaire, Secours catholique, PBI France, FIDH) et le Bureau du Rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des défenseur.e.s des droits de l’Homme. Evénements publics, réunions de plaidoyer institutionnel, réunions inter-associatives.
Rdv :

  • le jeudi 7 décembre à 19h30 au 12 rue Guy de la Brosse 75005 pour une soirée sur le thème « Entreprises et droits humains en Amérique centrale ».
  • le dimanche 10 décembre à 16h au Nouveau Théâtre de Montreuil pour le Tribunal des peuples impactés par la finance climaticide*, organisé par 350.org et d’autres organisations
Contact Kim Aumonier, coordinatrice du Collectif Guatemala – collectifguatemala@gmail.com
01 43 73 49 60 – 07 82 31 60 28

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