On demande la suspension immédiate de l’activité minière au Guatemala

Le mardi 6 avril 2010 environ 80 organisations de 17 pays ont demandé au président du Guatemala, Alvaro Colom, d’ordonner la suspension de l’activité minière sur le territoire guatémaltèque pour n’avoir pas respecté la convention 169 de l’Organisation internationale du travail qui exige une information et une consultation systématiques des populations autochtones avant, notamment, tout procédure d’exploration ou d’exploitation des ressources naturelles.

Cette réclamation organisée et solidaire vient renforcer les demandes répétées des communautés indigènes qui déjà ont réalisé plus de 40 consultations communautaires dans les territoires concernés par les activités minières, consultations permettant de chiffrer le nombre d’opposants aux mines à environ 600 000 individus.

On assiste actuellement dans le pays à une criminalisation du mouvement paysan et indigène qui défend ses terres et ses droits.

Ce n’est pas un cadre légal qui manque aux consultations populaires pour se faire entendre, mais plutôt une absence de volonté politique d’écouter et de reconnaître les engagements que le Guatemala avait pris non seulement avec les Accords de paix mais aussi en ratifiant cette convention internationale protégeant les droits des populations autochtones.

En outre, dans un rapport de 2009, une commission d’experts issue de la convention de l’OIT a demandé au président guatémaltèque de suspendre les activités minières de deux entreprises sur lesquelles la commission s’était penchée : la mine Marlin de Montana Exploradora, filiale de Goldcorp.Inc, société canadienne, à San Miguel Ixtahuacán dans le département de San Marcos et la mine de Cementeros Progreso à San Juan Sacatepéquez dans le département de Guatemala.

En effet, la commission a exprimé sa préoccupation puisque rien de nouveau n’a été proposé ou effectué par le gouvernement guatémaltèque et que les compagnies minières poursuivent leurs activités sans jamais prendre en considération les requêtes des populations locales.

A cela s’ajoute un rapport publié en avril 2010 par la CSI, la Confédération syndicale internationale, en partenariat avec le Mouvement syndical indigène et paysan du Guatemala (MSICG), la CSA (l’orga-nisation régionale CSI pour les Amériques) et le Conseil des peuples de l’occident intitulé « Le droit des consultations des populations au Guatemala : la rupture entre le discours et la pratique ».

Ce rapport propose une enquête couvrant la période de la signature des Accords de paix à nos jours, ou autrement dit, la période allant de la prise d’engagements précis de l’État jusqu’à la criminalisation du mouvement paysan et indigène d’aujourd’hui.
Il apparaît nettement que tous les gouvernements qui se sont succédés depuis 1996 ont développé des politiques poussant les communautés touchées par les exploitations minières à prendre des positions de plus en plus radicales pour se faire entendre et exister aux yeux des dirigeants.

D’un côté cette volonté politique a pour conséquences une criminalisation et une remilitarisation des campagnes guatémaltèques, de l’autre, ces divers mouvements, réclamations et requêtes témoignent bien de la vaste inquiétude qui se développe dans les zones touchées par les exploitations des ressources naturelles.

Des organisations sociales guatémaltèques et salvadoriennes ont également tiré la sonnette d’alarme sur la possibilité d’un prochain conflit dans la zone frontalière des deux pays à cause du démarrage imminent d’extraction d’or et d’argent par la même compagnie Goldcorp.

Manifestation : « Non à l’entreprise minière. Quel est mon avenir ? » / ©James Rodriguez, mimundo.org

Il s’agit du projet minier de l’entreprise Entremares, aussi filiale du groupe canadien. Ce projet pourrait endommager une source d’eau fondamentale pour le Salvador, le lac Güija et le fleuve Lempa.

Le représentant du Comité d’union paysanne (CUC), Daniel Pascual, a indiqué qu’en cas d’absence de réponse du gouvernement aux sollicitudes de l’OIT, les diverses organisations indigènes et paysannes prendront les mesures légales nécessaires.
Un nouveau pallier dans la radicalisation des positions antagonistes semble franchi.
Le gouvernement d’Alvaro Colom, à ce jour, semble toujours faire la sourde oreille aux requêtes légales et légitimes de ses citoyens.

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