Le Collectif Guatemala rencontre des lycéens.

Depuis longtemps déjà le Collectif Guatemala souhaite développer des activités en milieu scolaire afin de sensibiliser un jeune public aux problématiques actuelles du Guatemala. La venue des deux femmes activistes a été l’occasion de mettre en place une activité nouvelle et motivante. Ce fut une expérience très enrichissante pour chacune des parties présentes, militants, élèves et enseignants ont pu échanger et réfléchir ensemble sur les problèmes et les injustices en cours dans le pays.

C ’est le lycée Jean Monnet de la Queue-les-Yvelines qui nous a ouvert ses portes à deux reprises, lors d’une première séance le vendredi 19 novembre avec Carmen Francisca Mejìa Aguilar et Marìa Guadalupe Garcìa Hernández, accompagnée par Cynthia Benoist et une nouvelle fois le lundi 22 novembre avec Miguel Ceto, bénévole et Thierry Lewden, bénévole et ancien accompagnateur international.

Pour la venue des activistes guatémaltèques, nous avions prévu une seule rencontre de deux heures avec deux classes au CDI du lycée mais devant l’intérêt des élèves et des professeurs nous avons choisi de proposer deux sessions d’une heure chacune afin de pouvoir en faire profiter quatre classes. Au total ce sont presque 150 élèves de Première et de Terminale qui ont rencontré « le Guatemala ».

Un mois de travail sur le Guatemala.

En réalité l’objectif n’était pas seulement de rendre les élèves consommateurs d’une conférence supplémentaire proposée par des enseignants ou des membres d’associations mais de les plonger dans la réalité d’un pays qu’ils ne savent pas toujours situer sur une carte.

C’est ainsi que nous avons monté une séquence pédagogique entière autour de la tournée des Guatémaltèques, sur la problématique de l’exploitation des ressources naturelles par des multinationales et particulièrement sur le cas de San Miguel Ixtahuacán et de la Mine Marlin exploitée par la société canadienne Goldcorp. Inc.

L’idée était de faire participer activement les élèves, en répartissant les tâches sur différentes classes. Nous avons commencé par une recherche sur le Guatemala, sa population, son régime politique, ses ressources naturelles et bien sûr le conflit armé et ses conséquences sur la population indigène du pays. Dans un second temps, nous avons travaillé sur un document didactique produit par la COPAE de San Miguel (Commission pastorale pour la Paix et l’Ecologie) expliquant le fonctionnement d’une mine d’or à ciel ouvert et les conséquences de son exploitation sur l’environnement, la santé et la société locale. L’étude de ce document a été illustré par la projection de Sipakapa no se vende de Alvaro Revenga et du film de Grégory Lassalle, Le Business de l’or au Guatemala : chronique d’un conflit annoncé.

Les missions des élèves de Terminale ont été de traduire (en partie) le document de présentation de la tournée des défenseures en Europe, de l’espagnol vers le français, ensuite d’écrire des lettres argumentées en espagnol pour se présenter et les inviter au lycée. Enfin ils ont dû prendre des notes pendant les interventions pour en faire des comptes rendus. Un panel de leurs témoignages est en cours de publication sur le site internet du lycée.

Les élèves de Première ont eu pour tâches de réaliser des affiches et des textes annonçant les interventions et leurs thématiques, affiches et textes qui ont été exposés au lycée et mis en ligne sur le site, juste avant l’arrivée des militantes.

Les temps forts

Les élèves avaient préparés des questions en espagnol avec leurs professeurs, ce qui a permis de lancer assez facilement un échange de questions-réponses, une fois les premières timidités surmontées. Si les réponses des guatémaltèques ont été traduites en français lors de la première session, tout s’est fait uniquement en espagnol pendant la deuxième séance, ce qui a donné encore plus d’authenticité et d’intensité au moment. L’émotion et la concentration des élèves étaient palpables et leurs réactions pleines de vivacité et de coeur. Ce fut un vrai moment de partage et de témoignage.

Mais pour en rendre compte, le mieux c’est de leur laisser la parole :

Peinture murale réalisée dans la communauté de Panzos, Alta Verapaz, représentant Mama Maquín, leader communautaire q’eqchi’ tuée en 1978 lors d’un massacre à Panzos alors qu’elle souhaitait déposer une lettre de protestation au gouvernement local pour le droit à la terre. Son nom a été donné à l’organisation à laquelle appartient María Guadalupe.

« ... C’était très intéressant de les voir et d’écouter leurs propres versions des faits. Mais cela n’a duré qu’une heure et la traduction a pris beaucoup de temps et donc elles n’ont pas eu le temps de dire tout ce qu’elles voulaient (et nous tout ce que nous voulions savoir). Mais elles nous ont dit des choses très fortes, très émouvantes qui ont fait naître un sentiment de compassion et l’envie de les aider elles et les autres Guatémaltèques qui souffrent de ces problèmes ... » Yassamine TS1.

« Elles nous ont parlé de la violence, de la criminalisation, de la pollution, des dommages causés par la mine et de la liberté. [...] J’ai été très impressionné par ce qu’elles ont raconté parce que la violence est plus forte que je ne le croyais... » Winsley TS1.

« Nous nous sommes rendu compte des difficultés de leurs vies... selon moi cette rencontre était une bonne idée parce que ce fut l’occasion de savoir ce qui se passe dans le monde et de nous intéresser à des causes qui en fait nous concernent tous. » Camille TL2.

« Ils ajoutèrent [Miguel Ceto et Thierry Lewden] que malgré toutes les manifestations de la population la situation n’a pas évolué. Le gouvernement soutient toujours la mine.  ». Marine TL1.

« Nous avons eu la chance de pouvoir poser des questions à des personnes qui sont des acteurs de la lutte en faveur des Droits de l’homme en Amérique Latine. Nous avions étudié le thème en classe mais la rencontre a apporté un regard des femmes guatémaltèques qui nous ont expliqué la relation profonde qui les unit à la nature et que les Occidentaux ne peuvent pas comprendre » Clément TS1.

« Nous avons vu que ces deux femmes sont très impliquées dans la société de leur pays, et, par leur façon de s’habiller, qu’elles respectent des valeurs et des coutumes de la culture indigène. » Pauline TS1.

« La rencontre s’est très bien passée, les défenseures ont répondu à toutes nos questions comme : Comment faites-vous pour lutter contre ça ? Recevez-vous de l’aide de la part de pays européens ? Que pouvons-nous faire pour vous aider ? Qu’est-ce que la Terre Mère ?
[...] Elles ont révélé les menaces et les attaques menées contre elles, ou contre des membres des communautés. [...] Leur courage m’a beaucoup impressionnée, ce sont deux personnes extraordinaires. Je me suis sentie indignée quand elles ont dit qu’elles avaient été menacées de mort.... » Marine TS1.

« Ce qui m’a le plus dérangé ce fut de découvrir à quel point un gouvernement peut ignorer l’appel à l’aide de son peuple et laisser contaminer les terres et la population sans rien demander à l’entreprise. Cela m’a vraiment indigné ! ».

Il est certain que cette rencontre a été bien plus utile que beaucoup de cours théoriques sur les conséquences de la mondialisation qu’ils traitent en cours de géographie et éventuellement en cours d’espagnol. Lorsque l’on a la possibilité de rendre concret un enseignement, les élèves en sont reconnaissants et savent apprécier ces opportunités. Une expérience à reconduire, donc, d’autant que nos intervenantes ont elles aussi beaucoup apprécié cet échange. S’adresser à des jeunes qui sont en train de se forger une personnalité politique et sociale ne peut que leur apporter des éléments supplémentaires pour se forger une opinion personnelle et pour développer la capacité de poser un regard critique sur leur environnement.

C’est un appel à leur vigilance.

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