Guatemala : Le développement ne peut se faire qu’en respectant les droits humains et les droits environnementaux

Le 9 juin 2017, Jimmy Morales, président de la République du Guatemala, participera au Forum économique international sur l’Amérique latine et les Caraïbes, organisé par la Banque interaméricaine de développement, le Ministère de l’Économie et des finances français et le Centre de développement de l’OCDE à Paris.

En écho à la thématique du forum « Repenser la mondialisation pour un développement inclusif et pour la jeunesse », les organisations signataires expriment leur profonde inquiétude en ce qui concerne le modèle de développement économique choisi par l’actuel gouvernement guatémaltèque.

Basé sur l’imposition de mégaprojets miniers, pétroliers, hydroélectriques et de monoculture, et soutenu par un État dont la CICIG a mis en évidence les pratiques de clientélisme et de corruption, ce modèle de développement est à l’origine de nombreuses violations des droits humains. Le droit à la consultation préalable, libre et informée reconnu dans la Convention 169 de l’OIT est, sous l’excuse de l’absence d’un règlement d’application de la Convention au niveau national, refusé aux populations locales – majoritairement indigènes – qui subissent, quand elles se mobilisent pour réclamer leurs droits, une répression violente, des expulsions forcées et des campagnes de diffamation et de criminalisation. Les leaders sociaux sont de plus en plus souvent détenus de manière arbitraire et mêmes assassinés. En 2016, cette situation a déjà causé la mort de trois personnes.

Les entreprises extractivistes internationales s’installant au Guatemala, font souvent fi des engagements en matière de responsabilité sociétale des entreprises. Des ressources naturelles, indispensables à la vie des communautés locales, sont détruites chaque année : les sols sont pollués, les cours d’eau détournées, les forêts abattues, les écosystèmes détruits. Et le droit du travail n’est pas toujours respecté.

En ce qui concerne la jeunesse, la tragédie du 8 mars 2017, lors de laquelle 41 jeunes filles sont mortes brûlées vives dans l’incendie du Hogar Seguro Virgen de la Asunción sous les yeux indifférents des forces de l’ordre, a également révélé au monde entier l’irresponsabilité de l’État guatémaltèque en ce qui concerne la protection de l’enfance et de l’adolescence dans le pays.

Dénonçant ces politiques de développement allant à l’encontre du respect des droits fondamentaux, des droits environnementaux et des droits des travailleurs, ainsi que l’inconsistance des politiques de protection de l’enfance et de l’adolescence, nous rappelons à l’État du Guatemala son obligation de protéger tout citoyen, et en particulier les populations les plus vulnérables et les défenseurs des droits humains.

Nous demandons :

 qu’il respecte les traités internationaux en matière de droits humains, et notamment la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail relative aux peuples indigènes et tribaux, signée et ratifiée par le Guatemala
 qu’il mette en oeuvre les « Principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme » établis par le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme
 qu’il applique et surveille l’application des obligations en matière de responsabilité sociétale des entreprises nationales et internationales
 qu’il garantisse des enquêtes impartiales et rapides en ce qui concerne les assassinats et autres violations des droits humains perpétrées contre des défenseurs du territoire et de l’environnement et que les auteurs matériels et intellectuels de ces crimes soient punis
 qu’il mette fin aux stratégies de diffamation et de criminalisation des leaders sociaux ainsi que des défenseurs des droits les accompagnant (avocats, accompagnateurs internationaux etc.)
 qu’il fasse accélérer l’enquête sur l’incendie au Hogar Seguro Virgen de la Asunción du 8 mars 2017 et garantisse que tous les responsables seront punis
 qu’il réforme rapidement et en profondeur le système de protection de l’enfance et de l’adolescence.

Nous dénonçons enfin la participation d’entreprises françaises et européennes dans les violations des droits humains perpétrées contre des leaders communautaires guatémaltèques et rappelons que les États français et européens sont responsables des agissements de leurs entreprises à l’étranger.

Paris, le 7 juin 2017

Signataires :
Collectif Guatemala
Collectif de Solidarité avec le Guatemala - Toulouse
Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD) - Terre Solidaire
France Amérique Latine
Terre des Hommes France

Contacts presse :
Kim Aumonier - collectifguatemala@gmail.com - 01 43 73 49 60
Amandine Grandjean - amandine.grandjean@gmail.com - 06 23 77 55 00

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