« Génocide au Guatemala : pourquoi continuer la lutte et la résistance »

Le 10 mai 2013 est une date historique pour le Guatemala ! Pour la première fois un procés aussi complexe que celui pour Génocide, commis contre le peuple Maya Ixil entre 1982 et 1983, est mené à terme devant un Tribunal national, présidé par une femme, la juge Jazmin Barrios. Jusqu’alors, nous n’avions vu ces procés se dérouler que devant la Cour Pénale Internationale.

La peine prononcée se fonde sur le fait suivant : durant le gouvernement de l’ex-dictateur et général à la retraite Efrain Ríos Montt, ont été commis de manière systématique des crimes contre le peuple Ixil et autres peuples indigènes, dans le cadre d’une politique de guerre conduite par l’Etat, et dont l’intention était d’exterminer les groupes indigènes, à travers des plans militaires connus comme « Victoria 82 », « Firmeza 83 »,« Firmeza 83-1 » et « Sofia ». Ríos Montt a été condamné à 80 ans de prison pour crimes contre l’humanité et génocide.

Cependant, le 22 mai 2013 la Cour de Cassation du Guatemala a décidé d’annuler une partie du procès, dont la sentence, et a ordonné de refaire une partie des débats. Cette décision, juridiquement mal fondée, partiale et incongrue selon les experts en Droit Constitutionnel nationaux et internationaux, met en évidence la corruption du Système de Justice et légitime l’impunité. Pour la FIDH « l’annulation d’une partie du jugement et de la sentence représente une violation flagrante du droit à la vérité, à la justice et à réparation des victimes ».

Le procès est actuellement pris au piège. La manière dont les tribunaux doivent procéder n’est pas encore claire et on a pu observer comment les élites au pouvoir influencées par l’oligarchie guatémaltèque ont fait pression sur la Cour de Cassation et à différents niveaux de l’organisme judiciaire, afin que soient prises des décisions arbitraires s’appuyant sur des campagnes médiatiques qui nient l’existence du Génocide.

Dans le pays 200 000 personnes ont été assassinées, dont 83% de Mayas. L’armée a utilisé la violence dans l’intention de les détruire, à travers des actes de cruauté indescriptibles. Ce niveau de barbarie n’aurait pas été possible s’il n’avait pas existé un système complexe d’inégalités et de racisme à tous les niveaux dans la société, système qui a justifié les actes de déshumanisation et dévalorisation de la population. Selon l’historienne Marta Casaús, « c’est le discours officiel et public, élaboré en faveur d’un groupe et contre un “autre” dans le but de justifier une oppression, une humiliation, une exploitation ou un sytème de domination, qui a permis qu’ait lieu un génocide au Guatemala. » (UTM : 8/11/2013)

C’est pour cela qu’à un an de cette sentence, diverses organisations, collectifs et associations du monde entier, préoccupés par l’impunité et la corruption qui règne dans le pays, parce que la “Justice” est la voie pour rendre, en partie, la dignité arrachée à toutes les victimes, et pour que celles-ci ne soient pas obligées de retourner témoigner devant la cour, nous nous prononçons et affirmons qu’ « AU GUATEMALA, SI IL Y A EU GÉNOCIDE ».

Pour dénoncer à niveau national et international que ces secteurs du pouvoir influencés par l’oligarchie, et représentés par le CACIF , alimentent l’impunité et le manque de crédibilité de la justice et des institutions de l’Etat. Qu’ils ont fait pression pour que la Procureur Général Claudia Paz y Paz, qui a fait son travail en apportant les preuves lors du procès contre le général Ríos Montt, et en protégeant les victimes et leurs familles, soit démise de ses fonctions avant la fin de son mandat. Comme ils ont fait pression pour que la Juge Jasmin Barrios, qui a présidé la Tribunal et prononcé la peine, soit suspendue de manière temporaire et à travers une mesure illégitime du Tribunal d’Honneur du CANG .

Avec cet acte commémoratif nous disons ¡BASTA !. Nous ne voulons pas que la corruption et l’impunité d’un Etat raciste et exclusif ait encore une fois des conséquences néfastes sur l’ensemble de la société, en ouvrant à nouveau les blessures, et en ne permettant pas d’obtenir « Justice », tel un mécanisme de réparation des victimes. Ils peuvent annuler la sentence, mais la condamnation reste gravée dans nos mémoires, afin de continuer à résister et lutter, avec tous les arguments et les moyens à notre disposition, et à travers les recours juridiques nationaux et internationaux, pour que « Justice » soit rendue et pour réaffirmer qu’au « GUATEMALA, SI IL Y A EU GÉNOCIDE ».

Signataires :

  • Petit Collectif de soliadarité avec le Guatemala à Toulouse
  • France Amérique Latine
  • Fréquences latines
  • El Cambuche

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