De grands petits pas dans la justice pour les crimes du passé

Disparition forcée de Fernando García

Famille de Fernando García. Photo de l’AFP
AFP

Le Tribunal de haut risque A présidé par Yassmín Barrios a marqué encore un pas décisif dans la lutte contre l’impunité. En effet, fin septembre, après un procès express de 4 jours et avec plus de 600 documents de l’Archive Historique de la Police Nationale (AHPN) et du National Security Archive comme preuves à charge, Héctor Bol de la Cruz, directeur de la Police Nationale entre 1983 et 1985, et Jorge Alberto Gómez, commandant du 4ème corps de la Police Nationale, ont été condamnés à 40 ans de prison pour la disparition forcée en 1984 du leader syndical et étudiant Fernando García, époux de la fondatrice du Grupo de Apoyo Mutuo (GAM) Nineth Montenegro. En 2010, les auteurs matériels du crime avaient déjà été condamnés à la même peine. Les avocats de la défense, comme dans le procès de Ríos Montt, ont accusé le tribunal d’être «  incompétent, anticonstitutionnel et illégal ». Le GAM pour sa part rappelle, que pendant le gouvernement de Mejía Víctores (1983-1986), en moyenne trois personnes étaient capturées et disparues par jour, ce qui augure d’autres enquêtes contre d’anciens membres de la Police Nationale.

Exhumation de la base militaire de Cobán

Restes de vêtements exhumés à Cobán. Photo de Plaza Publica
Plaza Publica

Avec l’exhumation du cimetière de La Verbena dans la capitale, l’exhumation de l’ancienne base militaire de Cobán, aujourd’hui devenue la base du Commandement Régional d’Entraînement pour les Opérations de Maintien de la Paix (CREOMPAZ), est sans doute le meilleur exemple de la politique de terreur et de répression mise en place par l’armée envers la population civile. La première phase des fouilles a eu lieu entre février et avril 2013 et c’est dans plus de 80 fosses, à un mètre et demi du sol à peine que les archéologues et anthropologues légistes de la FAFG ont récupéré plus de 530 ossements présentant des marques de tortures et d’exécution sommaire. Les restes d’ADN extraits ont permis d’identifier 9 hommes et 1 femme : Martina Rojas, détenue et disparue de sa communauté de Río Negro (Rabinal, Baja Verapaz) en mars 1982. La deuxième phase de l’exhumation a repris début septembre et des expositions d’habits ont eu lieu début octobre dans le musée de la mémoire historique de Rabinal. Selon Blanca Quiroa de l’association FAMDEGUA, « même si les exhumations sont un processus très douloureux pour les familles, le besoin de réponses, de vérité, mais surtout le besoin de donner une sépulture digne à leurs êtres chers demeurent un espoir presque vital  ».

Massacre de Dos Erres

Le 1er octobre dernier, un tribunal de Los Angeles a déclaré coupable de fraude à l’immigration, l’ancien commandant des kaibiles, les forces spéciales de l’armée guatémaltèque, Jorge Sosa Orantes, sur qui pèse un mandat d’arrêt international pour sa participation dans le massacre de Dos Erres (Petén, 1982). Sosa Orantes avait omis de mentionner dans les formulaires pour obtenir la citoyenneté américaine, son appartenance à l’armée guatémaltèque ainsi que sa participation dans des crimes de guerres. Au cours du procès, 3 témoins l’ont situé autour du puits où plus de 200 personnes ont été ensevelies. Même si la justice américaine ne traite pas directement l’affaire de Dos Erres, elle a déjà condamné l’ex-kaibil Gilberto Jordan pour la même raison que Sosa Orantes, et a extradé l’ex-kaibil Pedro Pimentel au Guatemala où il a été reconnu coupable d’avoir participé au massacre. Le Ministère Public guatémaltèque fera une demande d’extradition pour l’accuser de crimes contre l’humanité.

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