Claudia Paz y Paz demande un soutien international pour un nouveau procès contre Ríos Montt

Article de Siglo 21

L’ancienne Procureure Générale du Guatemala, Claudia Paz y Paz, qui a mis en accusation l’ex-dictateur José Efraín Ríos Montt, a assuré être « optimiste » quant à l’ouverture du nouveau procès qui commencera en janvier, et a souligné la nécessité d’un « accompagnement » international dans ce processus.

Efrain Rios Montt et Claudia Paz y Paz. Photo de Siglo 21
Siglo 21

« Lorsqu’il s’agit de violations graves des droits humains, cela transcende les frontières des États et il y a un intérêt pour l’ensemble de la communauté internationale à ce que cela soit jugé, l’accompagnement international avant et pendant le processus est très important  », a assuré Paz y Paz.

La condamnation à 80 ans de prison pour génocide à l’encontre de Ríos Montt a été énoncée le 10 mai 2013 et a marqué le premier résultat de ce type, rendu par un tribunal national à l’encontre d’un ex-président en Amérique latine, mais elle a été annulée 10 jours plus tard par la Cour Constitutionnelle (CC).

Ríos Montt a été déclaré coupable du délit de génocide pour l’assassinat de 1 771 autochtones de l’ethnie ixil, dans le département du Quiché, entre 1982 et 1983, au cours de son régime de facto, en pleine guerre civile.

Dix jours après que Ríos Montt a été condamné, la CC a annulé la sentence et a ordonné de reprendre l’affaire à une date antérieure et de réaliser un nouveau procès, qui devrait démarrer en janvier 2015.

La Guatémaltèque, nominée au prix Nobel de la Paix en 2013, a également averti que le gouvernement actuel a essayé d’attenter à l’indépendance judiciaire du pays avec des actions comme le Décret de l’Oubli ou Négation du Génocide, approuvé par le Congrès.

« Cela n’a pas vraiment d’effet juridique car un Congrès ne peut pas se prononcer sur le fait qu’il y ait eu ou non un délit, mais ils recherchent des effets politiques évidents », a-t-elle assuré.

Cette qui a été Procureure Générale de 2010 à mai dernier considère également que le Guatemala doit répondre à ses engagements internationaux, après avoir ratifié des traités pour la défense des droits humains, et intégrer aussi bien le Système Interaméricain que celui des Nations Unies ; sans quoi, il devra y « avoir des conséquences  ».

Paz y Paz, qui participait ce vendredi à Washington à un débat sur le cas Ríos Montt, organisé par la Fondation pour un processus juste (DPLF) et diverses organisations de défense des droits humains, a expliqué que « l’idéal » pour l’avenir du procès est que les actions légales qui y sont liées et qui sont en attente soient résolues.

« Le fait est qu’il y a beaucoup d’actions ou amparos qui sont en attente d’être résolus, et l’idéal serait que le procès démarre lorsque ces actions seront terminées, afin que personne ne puisse l’interrompre ou faire en sorte qu’il redémarre à nouveau », a-t-elle dit.

« L’autre grand sujet est qu’il reste une résolution à dicter quant à l’amnistie, bien que les tribunaux, cours et juges, et la Cour Constitutionnelle elle-même, aient été très clairs à ce sujet, aucune amnistie ne peut être appliquée », a-t-elle ajouté.

Marcia Aguiluz du Centre pour la justice et le droit international (Cejil), et membre du groupe de travail sur le cas Ríos Montt devant la Commissions Interaméricaine des Droits de l’Homme (CIDH), a dit, durant son intervention au cours de la table-ronde, que « revivre une résolution de cette nature est tout un défi ».

Cependant, l’avocate a insisté sur le fait que la clef n’est pas simplement l’application de la Justice à l’encontre de l’ex dictateur et de toute la trame militaire qui l’a accompagné, mais également le fait d’en finir avec l’usage abusif des recours en amparo et de « désentraver les obstacles structurels  » du système judiciaire guatémaltèque.

« Il y a eu 19 sentences de la Cour Interaméricaine des Droits de l’Hommes contre le Guatemala, 13 sont liées au génocide. Et malgré cela, le Guatemala se refuse à effectuer des changements structurels  », a affirmé Aguiluz.

L’avocate a toutefois rappelé que durant des années il y a eu un silence absolu sur le massacre, une absence d’investigation de la part de l’État qui pourtant, aujourd’hui, à la suite de la sentence de 2010, est le signe qui suppose un changement sociopolitique important.

En ce sens, Jorge Santos, du Centre International pour les Investigations en Droits Humains (CIIDH), a assuré que le procès avait ouvert les portes pour que le pays travaille sur son système de justice, et l’espoir du fait que la sentence puisse être appliquée est réel pour les citoyens et les victimes.

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