Cinquante-sept consultas ont été réalisées depuis 2005

Selon l´association AVANCSO(1), plus de 720 000 personnes ont participé aux 57 consultas organisées au Guatemala depuis 2005. Pratique millénaire que réalisent les populations indigènes pour gérer collectivement les affaires d´intérêt social, les consultas communautaires sur l’exploitation des ressources naturelles de leur territoire ont gagné du terrain depuis leur reconnaissance au niveau international et les premières mises en place il y a 5 ans. Malheureusement, l’Etat n’a toujours pas montré de réelle volonté politique pour que soit respectée l’opinion des communautés indigènes exprimée lors des consultas et se conformer ainsi aux exigences de la Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Preuve en est : l’essor des concessions minières accordées aux multinationales extractives par l´Etat sans consultation ni accord préalable des communautés.

Rupture entre le discours et la pratique

Ces derniers mois beaucoup d’énergie a été dépensée afin de décrédibiliser au sein de l´opinion publique l´organisation de ces référendums populaires. Les quatre dernières consultas de l´année, qui ont eu lieu dans les régions du Quiché (Santa Cruz, le 22 octobre et Uspantan, le 29 octobre) et de Quetzaltenango (Cabrican, le 20 octobre et Huitan, le 22 novembre) ont fait l’objet d’une véritable campagne de dénigrement dans les médias guatémaltèques. Le quotidien national La Prensa Libre n’a cessé de publier, d’octobre à décembre, de nombreux articles et communiqués de presse dans ses colonnes d´information générale, campo pagado, rubrique Opinion, accusant les consultas de ne pas être libres et leurs organisateurs de « menacer et faire pression sur la population pour qu´elle participe à cet évènement et vote contre l’activité minière et les hydroélectriques », notamment à Uspantan (Prensa Libre du 24 novembre 2010 : « Les pressions furent tant extrêmes que les organisateurs de la consulta sont passés de maison en maison exigeant de ces occupants qu´ils signent ou apposent leur empreinte digitale comme preuve de sa participation. »)

La rupture est donc très nette entre le discours et la pratique du droit à la consulta des peuples indigènes au Guatemala. Depuis le gouvernement d’Álvaro Arzú (1996-2000), 137 licences d’exploration minière ont été accordées, la majorité en territoire indigène et la totalité sans le consentement ou la consultation préalable des populations concernées. Cette tendance qui a connu son apogée sous le gouvernement d’Óscar Berger (2004-2008) avec 80 concessions accordées, reste suivie par le gouvernement actuel d’Álvaro Colom avec plus de 26(2).

Dernière consulta de l’année 2010

"a voté"

La consulta de Huitan, située dans la région occidentale de Quetzaltenango, a clos la série de l´année 2010. La petite municipalité de Huitan est touchée directement par 7 licences d´exploration minière sollicitées par les compagnies multinationales Montana Exploradora et Entre Mares, deux filiales de la canadienne Goldcorp Inc. sans que la population en ait été informée ou consultée au préalable. Les 65 sources d’eau dont dépendent les 12 000 habitants de peuple Maya Mam de Huitan mais également des municipalités alentours comme celle de Cabrican et Momostenango sont directement menacées. Cinquante-septième consulta, on note l´évolution des processus de mobilisation et de participation de la population. Les 17 maires indigènes de la municipalité ont reçu tout le matériel nécessaire : bulletins de vote, registres, isoloirs, encre, stylos… Une organisation « à l’occidentale » bien différente des consultas organisées précédemment dans la région du Quiché. Ce fut la particularité des deux consultas qui ont eu lieu à Quetzaltenango en 2010. Comme lors des consultas de Santa Cruz et Uspantan (Quiché), les votants étaient séparés en six groupes selon le sexe et l´âge (de 7 à 12 ans, de 13 à 17 et de 18 à 100 ans). Mais le vote ne s’est pas fait à main levée sinon à bulletin secret, une façon de procéder peut-être plus efficace, au moins pour contrer les critiques de manipulation et de non respect de l’opinion de chacun par le vote à main levée, suspecté d’engendrer un effet de groupe. Les bureaux de vote des 17 communautés ont ouvert de 8h à 14h. A la fermeture des urnes, le comptage des bulletins a démarré sous fond de Marimba (musique traditionnelle), et en fin de journée les résultats sont apparus : plus de 53% de la population totale a participé, les femmes furent deux fois plus que les hommes. 98,37 % ont dit « NON » à la question : « Etes-vous d´accord avec l’exploitation minière dans la municipalité de Huitan ? », un chiffre comparable à celui obtenu lors des consultas précédentes. Pour les détracteurs des consultas à mains levées, il apparaît que le vote à bulletin secret n´a pas permis de libérer d’éventuelles voix favorables à l’exploitation, n´osant pas s´exprimer à l’encontre des autres quand le vote est collectif.

1. Asociación sobre el avance de las ciencias sociales en Guatemala.
2. « El derecho de consulta de los pueblos indìgenas en Guatemala : la ruptura entre el discurso y la práctica »

Documents annexes :

Nombre de consultas organisées depuis 2005
Résumé du Tableau
2005 4
2006 9
2007 12
2008 15
2009 11
2010 6
Total 57
Nombre de consultas organisées par thème
Résumé du Tableau
Activités minières 46
Hydroélectrique 7
Législation ou autre 3
Pétrole 1
Nombre de participants de 2005 à 2010
Résumé du Tableau
NON 717 968
OUI 3 339
Total 721 437

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